22 août 2018

Jour 18 – Tokyo/Akihabara

Demain j'ai une visite guidée de Tokyo toute la journée. Ne sachant pas ce qui est au menu, pour ne pas visiter 2 fois les mêmes choses, je n'ai pas réellement touristé.

Et donc, pour passer le temps, j'ai fait l'obligatoire pélerinage vers la "Ville électrique", Akihabara (Akiba pour les intimes)

Akiba, donc, est un des 23 quartiers de Tokyo, nommé ainsi en rapport avec un sanctuaire qui s'y trouve.
Ce quartier est surnommé la ville électrique car on y trouve un grand nombre de magasins d'électronique.
Mais depuis le début des années 2000, l'ambiance du quartier a changé. Des magasins spécialisés dans les mangas ont commencé à s'y installer et sont maintenant prédominants. Le quartier est donc devenu le centre mondial du manga, de l'animation et de toute la culture otaku.

Pour les non-initiés, "otaku" est un terme qui désigne toute personne qui est fan d'un sujet de manière "excessive". Il y a des "gun-otaku", qui vont collectionner tout ce qui a trait aux armes à feu, des "train-otaku" qui passent leurs journées le long des voies de chemin de fer à photographier les trains, mais généralement, le terme "otaku" va surtout désigner les fans de manga, d'anime et/ou d'idols.
A noter que, au Japon, ce terme est insultant. En occident, par contre, le terme désigne uniquement les fans de manga et d'anime et a tendance à être revendiqué fièrement au même titre que celui de geek.

Donc, à Akiba, on peut voir d'immense bâtiments décorés de personnages tirés d'animes et/ou de jeux vidéos à la mode, d'innombrables magasins répartis sur plusieurs étages vendant figurines, jeux, maquettes de robots, poupées, DVD, mangas, etc...

Les rues résonnent en permanence de musiques d'animes et de jeux vidéos.
On peut y croiser des cosplayers (Je n'en ai pas vu. Je présume qu'ils sortent plutôt le week-end) et des gens qui les photographient sous toutes les coutures.

Et enfin, symbole incontournable d'Akiba, les maids (meido en japonais): les soubrettes.
Celles-ci ont progressivement pris la place de la schoolgirl dans les fantasmes des otaku (du moins en partie)
On en trouve à chaque carrefour, costumées en général avec une mini robe noire pleine de dentelles, un tablier blanc, un bandeau sur la tête et s'exprimant d'une voix dite "d'anime", haut perchée, parsemant leurs phrases de "nya", ce qui est la façon de dire "miaou" en japonais. (Je pense, mais je peux me tromper, que la raison pour lesquelles ces soubrettes miaulent en permanence est due à la série "Steins;Gate" et sa soubrette catgirl Feris Nyan-nyan)

Interdit de les photographier, par contre. En effet, la plupart sont là pour attirer le client vers l'un des nombreux maid cafe d'Akiba. Pour les photographier, il faut payer et consommer.

Il existe différents concepts de café/restaurant à thème dans le quartier.
- Le maid cafe où le client est servi par des soubrettes
- Le "tsundere cafe", variante du maid cafe où les soubrettes agissent de manière hostile vis à vis du client mais, au moment où le client s'en va, elles sont tristes de le voir partir - la tsundere est un archetype de personnage (essentiellement) féminin de manga: le personnage se montre d'abord hostile voir agressive vis à vis du protagoniste masculin, mais cette agressivité cache en fait une grande timidité et peu à peu, elle va s'éprendre du héros. Pensez aux compagnes d'Indiana Jones qui le détestent au début, mais qui finissent toujours dans son lit.
- Le cat cafe, où on est entouré de chats qu'on peut carresser, prendre sur ses genoux, etc...
- et j'ai vu également qu'il y avait un owl cafe, pour jouer à Harry Potter avec des chouettes.

Comme j'avais un creux, j'ai donc testé un maid cafe: le maidreaming (j'ai l'impression que c'est toute une chaîne de maid cafe)
Accueilli à la sortie de l'ascenseur par une maid: "irasshaimase goshujin-sama" (ce qui veut dire "bienvenue maître"), me voilà plongé dans le monde du kitsch à outrance.
Un podium avec boule à facettes pour le show où une maid chante et danse, après avoir expliqué au public les gestes qu'il faut faire à différents moments de la chanson (les mains en coeur, notamment)
Les autres maids qui chantonnent en permanence et qui parlent en "nyan nyan"
Et tous les clients sont priés de porter une paire d'oreilles de lapin, de chat, d'oursˆˆ

Au menu, la célèbre Omurice (omelette farcie de riz) décorée au ketchup (sur la photo, il est écrit "pieru masutâ", soit "Pierre master" :p) et précédée de la fameuse formule magique "oishii ni nare, moe moe kyun!" (devient délicieux, moe moe kyun ne veut rien dire précisément, c'est juste une phase cliché des mangas) récité par la maid, avec toute une gestuelle qu'elle va t'apprendre et te demander de répéter avec elle.
Ensuite un "bunny parfait", une glace aux fraises en forme de lapinou.
Et enfin, la photo en compagnie d'une maid (Momoa-chan).

Bref, c'était absolument délirant et j'ai passé un moment inoubliable, extrèmement amusant. Et, ce qui ne gâche rien, le repas était très bon.
Ces soubrettes appellent leurs clients "maître", mais si on entre dans leur jeu (aller dans un maid cafe sans jouer le jeu n'a aucun intérêt), c'est clairement elles qui mènent la danse et qui font faire ce qu'elles veulent au "mastâ".

rédigé par Pierre - Posté dans Japon